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Le Blogueur devant le Seuil
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28 août 2007

A toute berzingue !

Retrouvée par miracle, dans le secteur d'une vieille disquette, cette

histoire ultra-courte.

 

                John P. Vous n'écoutez pas !

Encore une heure à tenir en compagnie de cette vielle peau de

miss Mullons. Encore une heure à suer dans ce collège pourri.

Notre classe se trouve au sixième étage. Les grandes vitres sont

protégées par des solides barreaux depuis maintenant deux ans.

Deux ans que Bobby Bird a essayé de s'envoler après avoir fumé un

gros joint ou après s'être cassé la tête sur un problème de math

trop dur. Un putain d'intello métamorphosé en pizza liquide au

milieu de la cour. Rouge crado sur bitume. Comme une tâche de

vomi. La vitre du milieu est brisée. Le vent me fouette la

figure. la morsure d'une bestiole.

Je me balance sur ma chaise en regardant dehors. La voix

stridente de la vieille me brise couilles et tympans.

        — John P. vous n'écoutez pas !

Non. Rien à battre de ton cours de littérature. Rien à battre de

ta sale gueule de truie, rien à battre des autres élèves, juste des

connasses aux culs coincés et des veaux boutonneux à lunettes.

J'attends la cloche avec impatience. Vivement que je sorte, que je

récupère ma moto et fonce vers le grand terrain vague qui termine

le quartier. Là, je sors le 38. canon court que j'ai planqué dans

mon sac en toile et je massacre les bouteilles de bière, les

carreaux de la baraque, de l'usine abandonnée. Si j'ai du bol, je

flinguerais des lapins. J'adore faire des gros trous sanglants

dans de la peluche crétine.

Un gros à lunettes, juste devant moi, lève le doigt comme s'il

avait envie d'aller aux chiottes. Il est blême et articule

difficilement:

— Miss, je peux sortir, je ne me sens pas très bien.

— Bien sûr mon petit Bruce R. Mais n'oublie pas de ne pas claquer

la porte sinon, nous allons être tous coincés.

Le gros tas se lève, ramasse ses affaires et traîne sa merde

jusqu'à la sortie. Il fait gaffe de ne pas claquer la porte et ce

lèche-cul cale la porte avec une chaise.

Je me rendors discrètement.

Quinze minutes après, la vieille me gueule encore dessus.

        — John P., qu'est ce que je viens de dire ?

        — Vas chier !

        — Pardon ?

        — Je ne sais pas.

        — Vous resterez après la sonnerie.

Merde ! J'étouffe ici. Je veux juste me casser, sentir le vent

sur ma moto et la cordite que crache le flingue de mon père, ce

con de flic.

Je regarde dehors. Les barreaux, les vitres sales, le bout de

ciel gris. Un temps lourd. Vivement que l'orage éclate et balaie

toute cette merde de Lycée, cette merde de littérature. Que la

foudre balafre et carbonise miss Mullons. Pour passer le temps, je

mets une main dans la poche et triture une lourde balle de 38. Un

truc en cuivre, qui devient chaud entre mes doigts.

La cloche sonne. Tout le monde se barre et Miss gros-melons

gueule encore quelque chose à propos de cette foutue porte. Je

suis le mouvement, attrape le sac et sors.

        — John P., vous n'écoutez pas ! Restez ici. Nous avons à parler.

Je me n'assieds pas. La main sur la balle. Elle me balance une

copie merdique, tartinée de sa merde rouge de crayon. Ma dernière

rédac, ou essay, je ne sais plus. Dehors, le ciel explose, le gris

s'enroule dans un noir malsain et un éclair éblouissant traverse

les barreaux d'acier. D'un coup de pied, je renverse une table.

Miss Mullons s'avance et me fout une baffe. Ses ongles rouges me

rentrent dans la joue. Alors je recule et shoote dans la chaise qui

retient la porte. Une bourrasque s'enfile dans la vitre brisée et

la porte claque.

La connasse me gueule encore dessus. La rage me rentre dans le

cul et je sors le flingue, y fourre la balle et en tendant l'arme

vers la forme grise qui n'arrête pas de gueuler, je tire. La

détonation sèche se noie dans le grondement humide du tonnerre.

Miss Mullons se recule. Un de ses gros seins explosé, ouvert par

ma balle. Le sang dégouline contre son bustier gris et elle tombe.

Je range le flingue. A peine nerveux.

Le tonnerre a masqué mon tir. Il me suffit de sortir, de prendre

ma moto et de m'enfuir.

Je vais vers la porte et cherche la poignée.

Quelle poignée ?

Je pousse la putain de porte.

Bloquée !

Miss Mullons n'arrêtait pas de nous parler de ça, la putain de

porte qui se bloque dès qu'on la ferme.

Je vais vers les vitres, appuie mon front contre les barreaux en

acier et contemple l'orage qui roule et se déchire comme une

charogne sur un paquet de ronces.

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Commentaires
V
"La rage me rentre dans le cul et je sors le flingue" : superbe ! On apprendra donc, à la lecture de cette nouvelle, à se méfier des jeunes à gros derrières...
N
on entre bien dans la peau du personnage avec une ecriture tres brut et sobre ,j'aime bien l'ambience <br /> poisseuse avec un temps qui s'arrete presque,on a tous connu ce smoment sou le temps s'etire alors qu'on regarde a travers la fenetre de la salle de cours. <br /> tu es cruel avec tes personnage ,il aurait pu etre coincé avec une jolie prof a couettes blondes du nom de Tatiana. hé hé
V
Je viens de lire cette short novel avec les yeux collés. merci. je suis officiellement réveillée.<br /> alexandra.
K
Disquette 3,5 hein pas les floppies en 5 pouces 1 quart =) et ça date d'au moins 10 ans huhu )
S
C'est une de tes profs qui t'a inspiré cette histoire ?<br /> ça date de combien de temps ? (disquette.. houlala)<br /> <br /> Ta femme doit s'inquiéter de temps à autres ;o)<br /> <br /> biz
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