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Le Blogueur devant le Seuil
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11 septembre 2007

Sincèrement vôtre...

Bouclage d'une nouvelle mêlant le Marquis de Sade/le Capitaine Crochet et Robinson Crusöe à la légende noire de Jack L'Eventreur... Texte pivot d'une trilogie Pirate/Jack The Ripper. Prolonge "Noces de Bois" et annonce "La Boîte Rouge" un texte à reprendre trés bientôt.

Derniers pas dans la brume

Comme un dandy de ce siècle, je passe désormais toutes mes nuits dehors, à sillonner les ruelles de la capitale de cet empire industriel et brumeux. Je commence mes soirées par lire les journaux et quelques pages d'un des ouvrages de ma collection de livres rares, puis je sors, vêtu de ma redingote noire, coiffé de ma respectable casquette de cocher, la main sur ma corne de taureau.

Les rues regorgent de signes, enseignes, affiches, c'est un délice de se laisser guider par ces signaux. Lampes rouges se balançant, journaux que le vent fait rouler. Parfois, mais je dois avouer que cela est rare, je me laisse aller à la nostalgie et c'est comme si je prenais une plume invisible pour inscrire, invariablement, ceci...

1. trois coups de crosse

Morgan, un mulâtre de onze ans, le teint clair, les yeux vairons, un bleu et l'autre noir de suie, regardait toujours le duc de Blangis avec crainte et respect. Le gosse avait le cheveu crépu et les lèvres épaisses. Sanglé dans un uniforme de la marine française, rehaussé de galons dorés, il se tenait à côté du duc, droit et immobile comme un soldat. Et si le maître était pris d'une quelconque envie, Morgan se devait de la satisfaire dans les délais les plus brefs. Il lui fallait courir au puits pour remonter le seau et remplir une carafe en cristal d'eau fraîche. Il lui fallait aussi faire le rabatteur et ramener vers le mousquet de son maître un cochon sauvage ou une volaille. Il se devait également de distraire le maître et ses amis, les quelques nobles déchus qui composaient la haute société de l’Île de la Tortue. Morgan entamait alors la sarabande, faisant tinter les boutons clinquants de son uniforme, il grimaçait, il chantait, il frappait dans ses mains calleuses.

Si la sarabande avait plu, il était autorisé à manger avec les convives. Un honneur.

Ce soir là, la chaleur indolente de la grande île était traversée par une brise qui vous rafraîchissait délicatement le visage. Le duc était avachi dans son grand fauteuil fait de bois et de bandes de cuir. Il dégustait un verre de vin importé du pays natal. Ayant l'alcool nostalgique, il appela Morgan et lui demanda d'aller lui chercher un livre dans la bibliothèque.

           — Ramène moi l'ouvrage de mon cher frère, l'évêque de ...,  Ça me rappellera nos belles journées du Bourbonnais.

http://fr.youtube.com/watch?v=JuEV1VuG7Ig : La version de "Jack" par Nick Cave

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