LE PROTOCOLE BERGHAIN : 04-05-06/04/2008
Le Protocole Berghain / les dossiers Berlinois 04/04/2008
Le départ se fait un peu à l’arrache, qui vient ? Qui ne vient plus, galère de papiers, comptage dans les apparts. Au final, départ avec Stef et au prix fort. Mais comme on dit, no pain, no gain. Recontre avec Patrice et Françoise compagnons de route et de logement. Voyage morne et arrivée en fin de journée chez Alexia, notre logeuse. Nous sommes dans le cœur de Kreuzberg, vieux quartier turc mais mélangé. Thomas, un résident, patron de label nous pilote un peu sur les plans à venir.
Tourisme minimal et crépusculaire sous des ponts ultra costauds, le Reichstag et les espaces vides, les bâtisses à fleur de fleuve, histoire d’apercevoir des bouts de la ville entre deux virées nocturnes.
Alexia et Thomas vont nous servir de guides, ce soir, soirée plus roots que le parcours balisé mais tentant des grands clubs berlinois. On commence par une soirée « anniversaire » au Viewort, un bar cosy doté d’une cave assez rudimentaire dans laquelle un DJ passe de la minimale/house. Un peu tassé, je me serré par des ados dont las paroles me sont incompréhensible. Traduction en anglais. L’effet lunettes, toujours… Retour au rez de chaussée, planté au comptoir, intro vodka-pomme puis du Jack pur pour bien lancer la soirée, tandis qu’on passe en boucle le « New York Mix Odyssey » de Armand Van Helden. Certains titres restent marrants.
Sortie du bar et course rapide en « Kurtschreck », petit déplacement plafonné. Bonne idée ça, tient. Plus de petites courses, plus de tacots dispos. Dans les rues, tout le monde se balade bouteille à la main, clodos ou midinettes, gothiques ou bourgeoises. Aux abords du « Kit Kat Klub » nous sommes pistés par des fetish girls, en mode « teuf ».
Signature à l’entrée pour devenir « membres du club ». Le club est assez grand, entre le club social un peu babos et la boîte de strip. Je m’y sens directement à mon aise. La musique est une techno un peu dub, assez sympa. Public bien mélangé, mecs corpulents en corsets, beautés fliquettes et fétish. Assez familial. On retrouve les Dead Sexy au bar, je tente le coca/sky. Avec du Jack ! Et bien dosé, on ne se refuse rien !
C’est déjà le live et c’est très éruptif, ça part en rèche, du rock électro rapeux et solidement composé. Je suis également parti, assez haut, dans un motif complexe, la trame mouvante d’un gosse qui au final se contorsionne pour éviter la cassure finale. La quête interne continue. D’autres gens arrivent, fetish ou pas, tranquilles, adorables. Passage d’une grande blonde au carré en blanc et argent, gogos improvisées sur une piste.
Passage vers les toilettes où il y a une seconde salle, Manu des Dead Sexy mixe dans le pissoir, du DAF, du Cindy Lauper, Girls just want to have fun. Le titre Eisbar semble ne pas passer auprès de certains par contre. Le son est un peu trop pourrave au bout d’un moment et je retourne sur la piste principale pour assister au set d’une DJette en porte-jarretelles qui mixe dans le paradoxal. Une version « le Louxor », techno/EBM follement excellente ! du Daho ! Le tout mélangé avec du Villalobos. On me fait goûter la Jagermeister, liqueur à 39°, avec un étrange goût de plante. C’est sûr ça doit soigner quelque chose un alcool pareil. Mais on y prend vite goût, en fait. En fin de soirée, on a même le droit à de la vodka sur de la glace à la fraise, la grande classe !
Fin de soirée, dernières danses, quelques personnes se font fouetter aux toilettes, astiquage contre la déforestation et célébrations buccales des stars. Mais dans une ambiance relax, presque bonne enfant. Pas une once de cœrcition. On s’apprête à rentrer mais on annonce une after au Viewort, le rade dont nous venons. A Berlin, les bars s’arrêtent un peu quand ils veulent. Une portion de paradis pour bretons, ça ! Retour pour une fin de soirée amicale, danse dans la cave et je pars bientôt à la recherche de clopes dans une station service, au bout de la rue. Je suis servi par une beauté improbable, madone des afters. Retour au bar et discussion terminale en terrasse avec une demoiselle dotée de belles mitaines rayées. Salutations et retour en kurtshreck vers notre base provisoire.
Certains matins, le Coca est salutaire.
05/04
Une petite before dans un autre appart avec le reste de la troupe. Vodka, Minimale et crocodiles en gelée.
Le tram est bondé, nous recherchons un restau. Un joli graillon nous tend les bras mais l’odeur indisposant certains membres de la bande, nous atterrissons au Mirchi, un restau indien bling-bling, rempli de bouddha qui clignotent. C’est l’anniversaire de Lorenzo ! Partage des plats restants, bon mais un peu plombant avant de partir pour le pays des clubs. On commence par le Watergate. Un club de deux étages qui donne sur le fleuve, la Spree, coincé entre un vieil immeuble et un tronçon de métro aérien doté de contreforts médiévaux.
Comme ça filtre les touristes, on se disperse et on évite de parler trop fort en français ou anglais. On passe tranquille après une bonne heure d’attente. Rebelote au vestiaire mais bien content d’y être arrivé ! Le premier étage, un peu lounge est plongé dans le gris et diffuse de la minimale très classique.
On va monter voir le fameux étage et écouter M.A.N.D.Y. C’est blindé de touristes déjà bien bourrés. Difficile de s’infiltrer pour profiter du son. Une blonde perox, anglaise, trippe sur mes lunettes et enfile les siennes : tu vois, on est pareils ! Puis elle m’exhorte à étirer mon smiley. J’ai du mal à me faire à l’ambiance, impossible de danser sans se prendre des coups de coude. Un clone de Béatrice Dalle bien énervée vient me caresser le bras, hu ? Je vais vite me replier vers le bar, une conso, une clope, ha ? Verboten ? Ok, no problem, je profite pour redescendre et retrouve Stef assis à côté d’une grande blonde qui ressemble à la demoiselle entrevue hier au Kit Kat.
Bon, je vais aller danser un brin dans la lumière du jour naissant. Je me sens un peu mieux, là, au raz de la Spree dans cette lueur opalescente pendant qu’une hardrockeuse en slim me file des coups de cheveux. Au vestiaire, le mystère ma taraude trop et je vais demander à la grande blonde, si par hasard, elle ne se trouvait pas au Kit Kat, hier. Ouiiii, elle rougit, dit que c’est la honte. Trouve les français messy, voire dirty, dent cassée et New-rock. Look total goth pour nuit minimale au Watergate. Son prénom Asnastasia.
Nous enchaînons au Berghain, pas elle, elle dit la fatigue, ce n’est pas raisonnable, tout ça… La sagesse dans le petit matin face à une fresque murale assez « Clive Barker » dans l’âme.
Un voyage en taxi pour arriver dans une friche industrielle, boue, pluie et enfin, les trois étages du Berghain ce club mythique qui…
Bon, la review existe mais ne sera pas diffusée car comme on dit là bas « ce qui se passe au Berghain, reste au Berghain ». Le Protocole Berghain. Elle sera peut être recyclée dans une fiction, ou envoyée à celles et ceux qui en feront la demande, avec message de motivation ! Une review secrète, dans un corridor mental d’histoires…
… Dernier titre, Go ! De Moby, qui sonne comme une injonction, descente en nappes sonores, quitter le lieu, lumière de fin de dimanche. Il doit être 19 heures. La boue est squameuse, le crépuscule saumoné et le taxi rapace, venu plumer deux survivors…
Dur de trouver le sommeil, l’esprit est encore torsadé par des sonorités étranges, pulsations minimales ou grincements nerveux et rassemble souvenirs et sensations dans une furieuse computation à la lisière d’une crise de mentisme.
Les jours derniers. Un peu vaseux, tourisme classique, bières salvatrices et retour dans la grisaille.
Quelques dernières images d’une ville superbe qui s’offre 24 heures sur 24.