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Le Blogueur devant le Seuil
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21 mai 2008

Carte / Virée sudiste et Fantaisie Héroïque

Tout d'abord un peu d'actu avec cette belle affiche autour de la collection "Polars Rock" à la FNAC de Perpignan, une rencontre prévue le 07 juin à 15 heures. JB et Crifo, ça devrait pas être triste !

Affiche_FNAC

Ensuite cette petite carte postale/marque page/de visite faite par Marc Lizano, une classe légèrement gothique...

CP_006_loran72

Et pour finir, un autre extrait de Mort dans Lame, texte d'heroïc fantasy en cours seconde correction. Y'a du paladin, du vampire, des moines alcooliques, des inventions tordues, des morts vivants et de la castagne.

Voldrath Hurdez, ce nom est encore utilisé pour effrayer les jeunes enfants ou pour lancer quelque maudition envers une personne haïe. Sa légende sanglante a traversé les siècles et si son long visage encerclé de longs cheveux blancs, ses crocs proéminents et sa longue épée à bout carré et sans garde, hantent toujours les cauchemars des citoyens de l’Empire, n’oublions pas qu’il fut également un grand stratège et qu’à la tête de sa famille maudite, il renversa les Gleïrgs et parvint à blesser les Draconiques.     

Galvius : La griffe du passé, an 196.

4.

Le jeune éclaireur grimpa sur la colline enneigée puis se laissa tomber de l’autre côté. Il se redressa presque immédiatement et constata avec joie que la grande bannière des Kreüzes se détachait sur l’horizon, au dessus de l’immense tour carrée de l’avant-poste de Gloërgkalt.

Le gel lui brûlait la bouche et sa barbe naissante crissait alors qu’il la frotta de sa main droite  bandée et saignante. De nouvelles gouttes de sang teintèrent la neige immaculée tandis qu’il reprenait sa course éperdue vers le camp de la première armée.      

Dés que les sentinelles l’aperçurent, elles prévinrent le général Cromoald. Ce dernier surgit immédiatement de la tente dressée au centre de l’immense tour et se précipita à l’extérieur des murs de pierre en compagnie de son état major.

Cromoald était un homme de taille moyenne, en forme de barrique, doté d’un ventre proéminent et de bras épais et musclés. Il portait un manteau en fourrure d’ours sur une armure en cuir et bandes d’acier. Sa barbe grise et hirsute mangeait un visage carré et ridé par le froid des terres Gleïrgs. A la différence de ses troupes, Cromoald ne portait pas les deux haches rituelles mais une unique hache à deux mains, affectant la même forme et terminée par une lame vieillie et tachée par d’innombrables combats. Il se fraya un chemin à travers ses hommes qui, déjà se mettaient en formation, et marcha droit vers l’éclaireur blessé.

Les ordonnances étaient déjà en train de lui verser du vin chaud dans une tasse. Cromoald les écarta et se pencha sur la jeune recrue dont les membres tremblaient encore. Sa main gauche était disloquée, comme écrasée et saignait abondamment.

            ¾ Quel est ton nom, soldat ?

            ¾ Wolfoad, mon général. Je suis de la patrouille de la muraille 8. Nous sommes partis hier pendant la nuit pour faire le tour de la tourelle de l’angle et nous… Nous les avons vu !

            ¾ Qui donc !

            ¾ Les rumeurs étaient vraies mon général. Une grande armée de morts est en train de marcher sur l’avant-poste, dévalant des collines blanches, rampant dans la neige. Ils sont accompagnée de cadavres de Gleirgs, immenses et putrides et Voldrath ! Voldrath est à leur tête monté sur son demi-cheval mort, conduisant sa cavalerie de squelettes.

L’éclaireur fut pris d’un nouveau tremblement et l’ordonnance s’avança pour le couvrir d’une nouvelle pelisse mais Cromoald l’arrêta d’un simple geste.

            ¾ Où sont tes compagnons, Wolfoad et l’ours de guerre de ton escouade ?

            ¾ Alors que de grandes créatures bossues, masquées et gantées bondissaient dans notre direction, ils ont choisi de rester et de combattre pour me permettre de vous rejoindre au plus vite. L’un des bossus m’a alors lancé une poutre de bois lardée de pointe de métal. L’arme m’a broyé la main mais j’ai réussi à m’enfuir en me laissant glisser le long d’une pente verglacée, tandis que mes compagnons périssaient sous les massues des créatures sans visage. Ils me suivent… Ils arrivent…

Cromoald se redressa et saisit sa hache à deux mains avant de la brandir et de battre le rappel de ses troupes. Gagnés par les rumeurs et l’anxiété croissante, les officiers avaient déjà donné des ordres et les soldats de la première armée de Tyrtivi étaient déjà sur le pied de guerre. Les Maîtres-Ours s’étaient rendus aux enclos et préparaient les puissantes bêtes pour le combat, en leur ceignant l’encolure de lourds colliers cloutés. Les arbalétriers se postèrent sur la tour et attendirent les signaux des éclaireurs embusqués un peu plus loin qui devaient leur indiquer le moment ou l’avant-garde ennemie serait enfin à portée. Forte de plus de 1400 hommes, la première armée n’avait jamais connu la défaite et même si lors de certaines batailles, ses morts avaient jonché par centaines le champ de bataille, elle ne s’était jamais rendue.

Cromoald dispersa son état major à travers les deux régiments et rallia lui-même une des unités. Il se posta devant et quelques jeunes Kreüzes lui tapèrent dans le dos ou cognèrent leur lame de hache contre la sienne. Il se força à sourire mais ne cessait d’observer la ligne d’horizon. Le ciel était d’un bleu profond et le soleil qui se reflétait sur la neige glacée l’éblouissait. Leur disposition n’était pas idéale. Les arbalétriers allaient être gênés par la réverbération et leurs premiers tirs risquaient de se montrer peu efficaces. Il raffermit la prise en main de sa lourde hache et cria quelques ordres à ses hommes.

Le général avait opté pour une formation en « ours d’acier », un tiers de détachements déployés en frontal, pour symboliser la gueule de l’animal et les deux autres tiers sur les flancs, légèrement en retrait et en oblique, prêts à se refermer comme deux puissantes pattes. Il s’agissait de la formation de base de la première armée et en maintes occasions cette disposition leur avait assuré la victoire, en particulier contre des assauts de cavalerie légère.

Le silence se fit bientôt dans les rangs, alors que les sentinelles, postées en pointe, agitaient leurs haches en les croisant pour signaler l’avancée de l’ennemi avant de se replier vers les positions avancées.

Emergeant d’une longue crête, un cavalier monté sur la carcasse d’un destrier tranché en deux dans le sens de la longueur, surgit alors. La monture n’évoluait que sur deux pattes mais ses sabots ne touchaient pas réellement le sol et cela ne semblait affecter en rien son assiette. Celui qui la chevauchait était tout aussi effrayant que la carcasse putréfiée et squelettique dont les longs viscères pendaient dans la neige. Voldrath Hurdez en personne ! Un homme extrêmement grand et maigre, dont la peau blanche semblait à la fois plaquée contre ses ossements et agglomérée à une armure sombre et rouillée. Son sourire figé exhibait ses longues canines et son regard fixe semblait défier l’armée kreüze toute entière. Il tenait une longue épée sans garde ainsi qu’un pavois couvert de scalps humains et de barbes arrachés aux guerriers de l’Empereur. Accroché dans son dos, un étendard qui représentait un poing osseux frappant le sol, claquait sous les bourrasques. Il était encore trop loin pour les carreaux des arbalètes kreüzes et semblait attendre le reste de son avant-garde.

Elle ne tarda pas à le rejoindre sur la crête et s’alignait derrière lui. Il y avait une petite centaine de cavaliers squelettiques, armés de longues lances brisées ou rouillées et de boucliers en bois pourris et comme mangés par la mousse et les champignons. Ils étaient montés sur des charognes, allant du cheval décapité, décomposé ou complètement privé de chair. Certains d’eux portaient des éléments d’armure, dépareillés, corrodés ou ébréchés.

Voldrath s’avança de quelques pas, suivi par ses cavaliers qui formaient désormais une belle ligne. Les morts-vivants trottaient lentement, dans des cliquetis d’os ou de métal. Les soldats Kreüzes prirent leurs haches et se préparaient à réceptionner la charge. Mais les cavaliers avançaient toujours avec une lenteur exaspérante. Lorsqu’ils furent à portée, les arbalétriers lâchèrent une première salve de carreaux. Les morts vivant furent peu affectés par les pointes d’acier mais certains squelettes chutèrent de leurs montures et s’agitèrent en vain dans la neige.

Quelques cris victorieux jaillirent des rangs Kreüze mais Cromoald avait toujours le regard rivé sur la crête enneigée et les mâchoires serrées par l’attente angoissante du premier contact.

L’éclaireur avait mentionné une grande armée, composée de bossus et de cadavres de géants. Or pour le moment, seul Voldrath paradait devant eux, à la tête d’une poignée de cavaliers décharnés. Dans le lointain, on perçut bientôt des bruits d’éboulement. Les Kreüzes, nerveux, commençaient à effectuer des moulinets avec leurs armes tandis que les arbalétriers lançaient une seconde pluie de carreaux, tout aussi peu efficace. Voldrath avait été une cible privilégiée cette fois et sa silhouette funèbre fut bientôt hérissée d’empennages sombres. Toutefois, il ne bronchait toujours pas, levant sa grande épée et son pavois effroyable dans un geste de défi.

Soudain, des sifflements sourds se firent entendre et,  jaillissant des crêtes glacées avoisinantes, d’énormes blocs de pierre se dirigèrent vers la première armée. Cinq rochers de bonne taille s’écrasèrent dans les rangs, tuant et blessant des dizaines de soldats. Cromoald agita sa hache et hurla :

            ¾ Dispersez-vous !

Une vague de panique disloqua les rangs des Kreüzes tandis que d’autres rochers étaient projetés de derrière les collines. D’autres soldats périrent sous les rocailles. Une sentinelle hurla alors :

            ¾ Des Gleirgs ! Des Gleirgs morts nous lancent des rochers et…

Une immense main surgit derrière le soldat et le broya d’un seul mouvement. Le géant s’appuya ensuite sur la crête avant de hisser son grand corps décomposé. Il s’agissait d’un grand mâle, hirsute, dépassant les 7 toises, aux yeux crevés et à la mâchoire inférieure manquante. Il était à demi nu et sa peau était couverte de verglas et d’humeurs jaunâtres. De son autre main, il tenait un grand rocher. Il se dressa derrière la cavalerie squelette puis lança sa pierre vers le détachement frontal de la première armée, fauchant une dizaine de Kreüzes et ratant le général de deux toises simplement.

Cromoald s’efforça de ne pas montrer sa peur à ses troupes mais la mort et la défaite se profilaient autour d’eux. Comme pour renforcer son pressentiment, d’autres Gleirgs émergèrent sur les hauteurs et pas seulement face à eux. Les géants décédés affluaient également sur les flancs et derrière eux, leur coupant tout espoir de retraite vers Tyrtivi. Mâles, femelles et même des enfants, hauts seulement de 4 ou 5 toises mais traînant également de lourdes rocailles. Il y en avait bien une centaine et leur taille ainsi que leurs blessures gangrenées et putréfiées provoquèrent un mouvement d’effroi chez les Kreüzes.

Puis le reste de l’armée des morts apparut.

Plus de 4.000 corps, à des stades divers de délabrement, noyés gonflés comme des outres, la peau noire et crevée, corps sans tête, cadavres couverts de moisissure ou de champignons, squelettes décharnés. Tous tenaient des armes rouillées ou brisées et avançaient dans des bruits de grincements d’os et les entrechocs de leurs armes et armures mangées par la rouille. Au milieu de cette masse répugnante, émergeaient de grands bossus armés de poutres ou tenant bien haut l’étendard du Poing Osseux. Les créatures en bures monastiques semblaient également escorter des hommes ou des femmes portant des robes de couleurs vives qui avançaient en écartant les bras et en effectuant des gestes complexes.

Des foutus nécromants !

Les arbalétriers tentèrent de viser les sorciers mais les cadavres ou les bossus s’interposaient devant les carreaux. La plus grande confusion régnait à travers la première armée. Les Gleirgs lancèrent leurs derniers rochers, tuant une nouvelle poignée de soldats. Enfin, abaissant son épée, Voldrath et ses cavaliers, rejoints par le reste de la légion du Poing Osseux, lancèrent la charge.

Cromoald poussa son cri de guerre, bientôt relayé par le reste de la première armée. C’était également le signal pour les Maîtres-Ours. Ces derniers relâchèrent les ursidés qui se jetèrent au devant des cavaliers squelettes. Voldrath en tua deux au passage, moulinant de droite puis de gauche tandis que le reste de la cavalerie buta contre les masses de poils et de crocs.

Reprenant confiance, la masse kreüze s’avança au contact de l’ennemi.

Les haches firent des ravages dans les corps lents et décrépis des fantassins morts-vivants et la neige fut bientôt marbrée d’un sang noir et écaillé, rejoints par des lambeaux de chairs et des membres épars.

Le général était en première ligne, abattant sa lourde hache sans relâche, éclatant des cages thoraciques, tranchant, bras et jambes, faisant voler les crânes. Mais les corps refusaient de stopper leurs attaques. Les bras tombés à terre tentaient encore de frapper, les bouches s’ouvraient dans le vide, pour happer la chair des vivants, des jambes cognaient dans la neige. Certains soldats tombèrent ainsi sous des coups bas et perfides. Trois Gleirgs, accompagnés d’une poignée de bossus se portèrent à l’aide de la cavalerie squelette et engagèrent les ours de guerre. Les géants frappaient à main nue ou tentaient de piétiner les ours et à chacune de leurs attaques une bête tombait. Les bossus n’étaient pas en reste et fracassèrent des crânes velus en utilisant leurs poutres et leurs troncs avec une effrayante dextérité.

Voyant que Voldrath se retrouvait coupé de son avant garde, une dizaine de Kreüzes chargea courageusement le cavalier. Calmement, il en tua trois, en quelques revers de lame, avant de lâcher son bouclier et de saisir le quatrième de son bras libéré. Tenant le Kreüze par le cou, il le leva à lui sans effort apparent pour planter ses crocs dans la carotide du soldat barbu. En quelques instants, il le vida de son sang et le rejeta au loin comme une simple guenille. La chair de Voldrath se mit à enfler et un bouillonnement grotesque déforma ses traits. Les autres Kreüzes avaient à peine ralenti leur charge mais Voldrath les prit de cours en sautant à terre et en se précipitant sur eux.

Sa lame en faucha deux de plus puis il planta ses griffes dans l’épaule du survivant et il but à nouveau à la carotide de sa dernière victime. Sa musculature enfla à nouveau, le squelette d’avant céda la place à un colosse à la peau blême et au menton luisant et écarlate, faisant sauter quelques croûtes de rouilles logées entre ses articulations.

Les nécromants se mirent à psalmodier leurs formules impies et les ours tués par les Gleirgs et les premiers cadavres kreüzes se mirent à se redresser.

La bataille s’intensifia. Les Kreüzes, forts de leurs succès contre la masse lente des cadavres se lancèrent contre les Gleïrgs. Leurs haches entaillèrent les membres pourris et à force finissaient par les détacher des corps répugnants. Mais, en retour, les pertes étaient effroyables. Les géants fauchaient les guerriers Kreüzes par dizaines, les écrasaient à coups de pied ou de rochers, pour les rares Gleïrgs qui avaient récupéré leur projectile.

Voldrath avait tué, à lui seul, une cinquantaine de soldats et en avait bu une dizaine. Désormais, son corps immense et boursouflé se déhanchait à travers le champ de bataille. Il tua une jeune recrue et tenta à nouveau de boire son sang mais dés qu’il eut porté ses crocs contre la blessure béante, Voldrath fut secoué par un spasme avant de vomir des litres de caillots sur la masse cadavérique qui l’entourait.

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