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Le Blogueur devant le Seuil
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3 février 2009

Nouvelles de Nouvelles

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En direct de la salle des machines, précisément, quelques résultats d'Appels à Textes et autres concours. Tout d'abord, une nouvelle de SF, recalée pour "escales 2010", retour sur l'horizon. Pas de regrets et un joli mail de Serge Lehman qui a bien cerné ma tentative un peu old-school, pleine de croiseurs stellaires et de chauffeurs de taxi aliens. J'avais hésité à présenter un texte plus dans l'air du temps "transfictions" and co mais au final mon esprit pervers a glissé vers la Sf humoristique, façon âge d'or. Voici le début...

200 milliards de morts au compteur

A la borne.

Réveil matinal pour le professeur Guy Larteg, membre de l'institut des Ondicules, qui se tenait désormais sur le ponton spatial de la borne de Panama et effectuait les cents pas à côté de sa modeste valise en carbone gris irisé, n'osant guère s'éloigner de son unique bagage. Il jeta un coup d'oeil sur le plot, noir et bosselé, qui indiquait l'heure officielle de l'Empire Waarl. Le Tacot intergalactique n'était pas encore en retard, selon les gros chiffres verts qui défilaient au dessus de la borne, mais dans quelques séquences, le délai maximal serait dépassé.

Le voyage commence mal, pensa le savant en regardant autour de lui. Le ponton avait été construit juste au dessus d'une longue plage de sable fin flanquée de cabanons récréatifs qui s'alignaient, éloignés les uns des autres selon les démocratiques intervalles standards de 2 mètres, accordés aux citoyens loyaux à l'empire Waarl, avec un décalage alternatif. Larteg, du fait de son passé militaire dans la coalition terrienne, et de ses prises de positions, tant passées que récentes, avait juste eu une autorisation pour un chalet de base localisé dans la banlieue de Buenos Aires. Un secteur situé à la lisière d'une gigantesque usine de recyclage d'ordures civiles en provenance des colonies Waarl lunaires. Ses voisins étaient bien évidemment des vétérans comme lui ou bien des jeunes gens ayant produits des oeuvres séditieuses sur le Blocom, un réseau local terrien d'échange d'informations, fortement modéré par quelques fonctionnaires humains inféodés aux maîtres de Zamporian.

Il s'éloigna de sa valise de quelques mètres pour mieux détailler l'unique silhouette humaine à évoluer à l'horizon, à côté d’un cabanon. Juste une ombre qui semblait creuser le sable à l'aide d'un long instrument qui brillait sous le soleil naissant. Un prospecteur de reliques ou peut-être un simple voyeur intrigué par la présence matinale du savant.

Nerveux, Guy Larteg retourna bien vite se poster à côté de son bagage et commença à triturer sa longe veste sombre et spongieuse, résistant à l'envie de sortir son Blocom pour appeler la société de spatiotaxis et ainsi mettre quelques Waarl dans un embarras commercial.

Mais alors que ses doigts se refermaient sur la forme ovoïde de son Blocom, la sirène caractéristique de l'arrivée de son véhicule fit vibrer l'air environnant.

Levant la tête, le savant terrien aperçut le ventre éraflé et jaunâtre d'un massif taxi spatial.

Comme le véhicule amorçait son atterrissage à côté de la borne, Guy Larteg lâcha son Blocom et ramassa sa mallette. Malgré son aversion viscérale envers tout ce qu'avait pu produire la technologie Waarle, il ne put s'empêcher d'admirer les lignes à la fois courbes et massives, les vitres blindées et réfléchissantes, le puissant moteur arrière dont les tubulures émergeaient des flancs cabossés et les tuyères d'échappement qui dégageaient une aura bleutée et aveuglante. La propulsion à baryons. Une découverte qui avait permis aux Waarls de s'étendre à travers les galaxies, puisant leur énergie dans la matière même de l'espace.

Mais en dépit de l'invasion et des contacts désormais quotidiens avec la science de l'occupant, aucun savant terrien n'était encore parvenu à comprendre le fonctionnement du moteur à Baryons. Les Waarls se contentaient de rire aux nez des savants terriens lorsque

ceux ci osaient encore poser des questions sur ce prodige technologique. Comme s'il s'agissait d'une évidence, une information accessible à tous, même aux jeunes enfants.

Larteg détourna le regard avant que les points brillants lui brûlent le fond d'oeil. Il remit sa veste en place, lissa son pantalon crème et attendit, raide, que le chauffeur gare son engin devant lui.

Le Waarl se posa quelques mètres avant et le nez du taxi se stabilisa aux dessus des mocassins recyclés du savant.

De mieux, en mieux, se dit-il en regardant le pare-astéroïde toujours sans tain.

Ne voulant pas passer pour un humain servile de plus aux yeux du chauffeur intergalactique, il sortit franchement son Blocom et composa le numéro du service réclamation de la société de transport. Après trois séquences, le pare-astéroïdes rentra dans son logement tandis que le taxi s'avançait de quelques mètres, plaçant la portière arrière à portée de main du client. Guy Larteg réprima un sourire satisfait et attendit que le chauffeur baisse la vitre de sa portière.

Le Waarl ressemblait aux autres Waarls, une carcasse massive pesant environ 200 kilos, plus large que haut, doté d'une bedaine à paliers qui jaillissait d'un débardeur jaune vif et maculé de tâches graisseuses. Sa peau était rouge brique, velue et couvertes de durillons sombres. Son visage était rond, compact. Une paire d'yeux entièrement noirs, sans pupilles ni iris, s'agitaient au dessus de sa large bouche sans lèvres. Comme beaucoup de Waarls ses mâchoires puissantes s'activaient sur un cube gros comme un poing humain, luisant et sombre. Une de leurs friandises, dure comme le caillou et dégageant des odeurs peu engageantes de créosote et de méthane. Avec un accent Waarl à trancher à la lame mono, le chauffeur maugréa :

— Ça dérange pas, le petit m'sieur, si je termine mon Okol, au moins. J'ai pas encore mangé moi. Foutues courses du matin !

Le savant grimaça et voulut ouvrir la portière arrière, pour monter à bord au plus vite. Ne pas perdre de temps. Mais la poignée résista. Le Waarl éleva le ton :

— Wo ! wo ! Il est pressé le petit m'sieur. Faudrait déjà que ça soit le bon client...

Larteg présenta son Blocom au chauffeur qui de son côté avait dégainé un lecteur ayant la forme d'une simple poignée. Il contrôla les données qui s'inscrivirent dans le cube de contrôle du tableau de bord et libéra la portière arrière en commentant :

— Ah !  C'est une course au long cours. C’est mieux, là.

Le savant acquiesça et voulut poser sa valise sur la banquette mais le Waarl l'arrêta de sa pogne massive :

— Wo ! Wo ! C'est pour le coffiot ça, mon bon m'sieur.

— Ce ne sont que des affaires personnelles.

— Ecoutez, je me fous de ce que vous trimbalez là dedans. Des trucs de terriens, hein, des fétiches, des babioles, votre stock de double-6 ou même un foutu livre, c’est pas mes Okols, simplement, vous posez pas votre chose sur ma banquette. Elle est neuve !

Piqué au vif, Larteg se fit violence et reprit sa valise avant de la déposer avec une délicatesse ironique sur le plancher de son taxi. Le Waarl ne réagit pas. Ils ne connaissaient pas ce type de subtilité, ou alors ils s'en moquaient, émanant de créatures aussi dérisoires et sous évoluées que les terriens.

Il s'installa ensuite, prit un peu ses aises et ferma son ceinturon de stase. Le Waarl ricana :

— Commencez pas à vous faire des noeuds dans le ventre, on n'est pas encore passé dans la courbe.

— Je préfère prendre mes précautions.

— Eh, c'est votre premier voyage ?

Le savant hésita puis finalement déclara :

— Non, j'ai sauté sur Proxima, voila plus de trente ans. J'ai pris la courbe dans le "Foudroyant".

— Vétéran alors ? Bon... Je préfère en fait. Ceux qui n'ont jamais pris la courbe ont tendance à s'oublier sur la banquette, au moment du saut. Remarquez, je m'en fous, si vous me laisser un "petit cadeau" dans mon tacot, ça débite votre compte automatiquement, comme le prévoit l'alinéa K.G77 de nos conditions générales.

— Chauffeur délicat et qui aime bien mettre ses passagers en confiance…

— Eh, c'était un compliment, ms'ieur. Bon laissez votre container là, ça ira. Pas la procédure mais bon... C'est quoi votre destination ?

— Zamporian.

— Ha la capitale stellaire, la beauté suprême des 100.000 mondes. Mais ça va vous côuter Okol, ça mon bon ms'ieur.

Larteg, excédé se gratta la nuque et répliqua sèchement :

— Tout a été réglé avec votre centre financier. Débit direct de votre compteur, sur mes avoirs bancaires, en temps réel.

— Permettez que je contrôle, répondit le Waarl en contactant sa société. La figure affreuse d'une Waarl femelle apparut dans le cube central. Larteg ne fit aucune différence entre l'opératrice spatiale et son chauffeur, même bouille ronde, sans charme, massive. L'unique différence était que chez les femmes Waarl les durillons l'emportaient sur les poils. De pures beautés intergalactiques, en somme, se dit Larteg en gloussant discrètement.

— Un truc vous gêne, trop d'oxygène ? Le mélangeur d'atmosphère déconne un peu sur ce modèle, le Vroolenbür. De mon côté, c'est bon, méthane et carbone bien dosé, et à côté pour mon petit Ienac chéri, j'ai forcé sur la silice.

Le savant s'emporta :

— Ne me dîtes pas que vous êtes un de ces chauffeurs avec...

Et comme pour lui apporter une réponse prompte et directe, un animal pâle doté de quatre pattes, dont le visage ressemblait à un groupe de sangsues accrochées à un bout de viande mis à nu, se tourna du fauteuil passager avant et émit un glougloutement obscène qui souleva le coeur du savant subitement furieux :

— J'avais pourtant bien précisé sans Ienac ! Le contrat était parfaitement clair ! Ces êtres sont révoltants.

— Allons allons, c'est tout mignon, tout gentil et ça mange les durillons. Cuulree est un amour. C'est une femelle, je préfère vous prévenir. Elle est susceptible.

— Bon, je refuse de faire le trajet dans ces conditions. Contactez votre copine et appelez-moi un de vos collègues.

Le Waarl poussa un profond soupir et dit :

— Comme vous voulez, mais on ne rétrocède rien sur les compteurs.

Le savant eut une poussée d'angoisse et avança la tête entre les deux sièges pour détailler le nombre rouge qui s'inscrivait dans le coin droit du cube. Sainte Terre ! La course atteignait déjà une vraie fortune, le prix d'un cabanon de 4 m² dans un secteur à pollution modérée. Ce taxi avait du venir de l'autre bout de la galaxie pour afficher un compteur pareil.

— Mais vous arrivez d'où ?

— J'étais à côté, Betelg' quoi. J'ai une station spatiale secondaire vers l'anneau de Kessel. Mais c'est le tarif, hein. C'est mon approche, ça ms'ieur. Sinon vous pouvez attendre à la borne... Mais un taxi intergalactique qui dépose quelqu’un ici c'est plutôt rare. Enfin, c'est vous le client.

[à suivre, ici ou ailleurs]

Une nouvelle retenue pour un Appel à Textes chez "Actu SF", de l'Urban Fantasy avec des fées dedans. La mienne est de ces fées d'after, nouvelle assez brêve avec punchline et un titre bien moisi comme j'aime. Voici la première page. A paraître, bientôt...

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Fée des râles

1. brume verte

Certaines choses du passé disparaissent le long de l’histoire, puis finissent par revenir. L’absinthe par exemple. La fée verte, logée au creux de ce grand verre, avec le sucre en équilibre dans sa passoire d’argent. Le serveur allume le petit cube blanc qui se met à bouillir, caramel liquide, avant de s’écouler jusqu’à l’alcool trouble.

Encore un verre. Absinthe suisse, à 75°. Plutôt amère, subtile malgré sa puissance alcoolisée. Toujours monter en degré, disait un vieil ami disparu. Je regarde mon sous-verre avec les notes qui s’empilent, coincées sous la publicité plastique pour une marque de bière. Encore une soirée bien déchirée.

Boire en solitaire pour occulter ma vie en spirale adulescente. Je déteste ce mot. Synonyme d’immaturité, de fuite en avant. Mais ma dernière copine m’a affirmé que l’adulescent type détestait ce mot, un peu honteux. Refus de grandir, collectionner des figurines mangas, conserver ses vieux comics, passer ses nuits devant l’écran de son ordinateur ou se brûler jusqu’à l’aube en night club.

J’avalais la fée verte à petites gorgées tout en observant le comptoir, plutôt long et mordoré, couvert de verres vides ou pleins, de mains qui s’ébattaient. J’étais au fond d’un de mes rades de prédilection. Décor néo-gothique, fresques cyber violentes à l’aérographe sur les murs et une clientèle qui mélangeait avec subtilité les habitués du cru et les branchés friands d’ambiance un peu freak mais au fond tranquille.

Pas grand monde, ce soir. Milieu de semaine. Quelques étudiants, des jeunettes à couettes et collants à rayures, un vieux pochard… Et puis dans le coin droit, assise sous le buste en plâtre représentant Howard Philips Lovecraft, je la vis…

Jeune blonde choucroutée vêtue d’une robe verte destroy et de bas bicolores. Un look bizarre mais bien dans le ton du bar, entre lolita et fetish. J’étais en pleine descente dans le trou noir de l’alcool, le moment où la vision se rétrécit, où les sons s’amollissent, juste avant la plongée dans le coma bienfaisant, sans rêve, sans idées noires.

La jeune fille me regardait de ses larges yeux bleus encerclés de traînées noires et charbonneuses. J’avais également du mal à détacher mon regard, frappé par l’ivresse émergeante. D’un doigt oscillant je commandai mon ultime verre, un cocktail nommé « Tremblement de Terre », composé pour moitié d’absinthe et de cognac. Une sorte d’horreur terminale mais qui passait étrangement bien. Les deux alcools donnaient l’impression de s’annuler. Cul sec ! Je payai puis essayais de me lever. J’avais les yeux qui se fermaient et j’eus une perte d’équilibre.

Je me serais rétamé si la petite blonde en vert ne s’était pas précipitée pour me prendre par la taille.

Et une première critique, négative, sur le Tacot D'Elsa Lambiek.

http://serialecteur.canalblog.com/archives/2009/02/02/12337955.html

Quelques autres AT en ligne de mire avec celui de la Volte/Ligue des droits de l'homme, pas si évident, juste une trame de départ, quelques images et deux autres AT lancés par Rivière Blanche.

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