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Le Blogueur devant le Seuil
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15 mars 2011

NOCTURNE / AVIS CHRONIQUES

Nocturne_pour_instruments_divers

Petit aperçu des premières chroniques sur NOCTURNE POUR INSTRUMENTS DIVERS.

Tout d’abords, le site Mythologica qui dans une lecture pointue soulève un point intéressant sur une modification de prénom sur la fin du texte.  Oubli ou résurgence inconsciente de la première version du texte (Jean-François s’appelait Joshua et Xavier se prénommait Richard). Ça me donne d’ailleurs une idée… En quoi des corrections et/ou modification d’un texte peuvent influer sur le sens général d’une histoire ou d’une narration. J’ai eu une idée de ce type récemment au Batofar, vers 5 heures, qui m’est apparue super intéressante mais que j’ai perdu le lendemain, entre un dernier track techno et un ultime demi.

mythologica

Jean-François « Jef » Langley est journaliste pour une revue parisienne. Celle-ci était auparavant reconnue pour ses enquêtes de qualité, réalisées avec soin par Jef. Mais, l’économie étant ce qu’elle est, y compris dans la fiction, le journal change de ligne éditoriale et part dans le scandaleux. Jef se retrouve un peu perdu et ne sait pas quel sujet aborder. Qu’à cela ne tienne, le rédacteur en chef lui paye une virée à New York en 1994, et Jef a un ami policier sur place qui pourra lui fournir des scoops, jusque-là, tout va bien, même s’il doit laisser Esther, sa fiancée, en France.

Mais je m’avance un peu, l’histoire étant clairement scindée en deux parties : 1994, et l’enquête passionnante, 1995, et une replongée dans l’horreur de l’appartement 312. Si le Jef de 1994 est fier, confiant en ses capacités et motivé par son enquête, en 1995, il n’est que l’ombre de lui-même à cause du traumatisme subi.

Je vous laisse découvrir la suite par vous-même !

La couverture est inquiétante, un grand œil bleu sur fond de ville. Il y a un petit côté « Big brother », qui se retrouvera dans le livre, même si la fixer trop longtemps peut faire mal à la tête (peut-être à cause des traits, censés rappeler le grain de peau).

M. Fétis a une plume excellente, il nous emporte et nous manipule à sa guise, et nous y revenons… avec plaisir ! Finalement, il ne plonge pas aussi loin qu’il aurait pu dans l’horreur, mais ce qu’il nous offre est déjà bien assez gore pour en dégoûter plus d'un. J’aurais plaisir à lire d’autres ouvrages de sa plume.

Les points négatifs, malheureusement, m’ont empêchée de me plonger à corps perdu dans l’histoire. En effet, Xavier, assistant imposé à Jef en 1995, se transforme régulièrement en Richard au cours du livre. Je pensais au départ à une schizophrénie de type Fight Club, avant de déchanter. Mais cela aurait pu passer sans la fin… inexistante. J’ai eu l’impression que, ne sachant plus où aller, une fin plus ou moins heureuse a été rapidement inventée. Ainsi, ce bon polar tourne au fantastique sans explication d’aucune sorte.

Je considère ce livre comme un diamant brut et j’espère vraiment que M. Fétis continuera d’écrire car ses romans promettent d’être de véritables bijoux.

Kitty

http://mythologica.net/index.php/bibliotheque/fantastique/romans-francais/312-nocturne-pour-instruments-divers-laurent-fetis

Ensuite, une bonne chronique chez K-libre, l’actu du polar.

Symphonie noire

Il ne fait pas bon être dans la tête de Laurent Fétis. C'est là un de nos auteurs de romans noirs qui manipulent le plus profondément nos perversions. Et dans Nocturne pour instruments divers, il nous entraine dans le domaine du porno à New York où des adolescents disparaissent mystérieusement. Jef, lui, est un journaliste parisien venu écrire une série d'ambiance sur la Grosse Pomme. Sujet vendeur car il va fouiller et ramener plusieurs enfants perdus dans la jungle des pédophiles violeurs d'arrière-salles de boites mal famées. Mais le mal rôde toujours et une nouvelle enquête le conduira aux bornes de la folie, au milieu d'un cannibalisme effréné ! C'est d'ailleurs là que se niche la trouvaille littéraire forte qui structure le livre : un an a passé mais les visions d'horreur hantent toujours Jef. Il faut vendre du contenu et son patron l'envoie de nouveau à New York où il s'aperçoit que son enquête a été un leurre, qu'elle cache quelque chose d'encore bien pire...
Tout le talent de Laurent Fétis explose-là : le retour sur les lieux de son enquête est contaminé par celle de l'année précédente, forte et violente, sans redites. Le passé et le présent s'interpénètrent - avec de forts accents de réalité comme lorsque le tueur est presque coincé car il a laissé s 'enfuir une proie qu'il récupère au milieu de la rue, faits divers réel -, pour montrer que le passé a été une suite d'erreurs, de fausses pistes, dans un registre très kafkaïen sans être une énième histoire de tueurs en série, seul ou travaillant pour un réseau caché sur Internet. La raison de Jef sombre peut-être, mais n'est-ce pas plutôt le monde qui est fou ? Snuff movies, dominatrices sado-maso, backrooms où le GBH permet de violer des enfants vomissant... La liste est malheureusement bien longue. Des personnes étranges viennent prophétiser aux oreilles de Jef qui bascule peu à peu dans un univers à la Cronenberg, logique, rendu rationnel par le force de l'écriture jusqu'à un final éblouissant qui déforme les perspectives, transformant une variation stéréotypée en une descente dans un cauchemar glauque. Et l'on se demande si finalement on a eu raison d'être dans la tête de Laurent Fétis.

http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=livre&id=1360

Laurent Greusard

Et au final, Psychovision, qui nous livre une belle chronique qui cerne parfaitement  le texte, en particulier l’aspect concernant les médias.

Choqué, choquant, voilà les mots qui me viennent à l'esprit alors que je referme ce qui fut pour moi l'une des lectures les plus douloureuses et les plus dures qu'il m'est été donné de lire ces derniers mois. En toute franchise je ne m'y attendais pas. Malgré une bibliographie imposante, puisqu'il est publié dès ses dix huit ans au Fleuve noir, je dois avouer que je ne connaissais pas du tout Laurent Fétis. Pourtant, donc, dès sa majorité, il publie au mythique fleuve dans la collection Gore qui plus est ! Chapeau bas! Aujourd'hui l'auteur nous propose donc un nouveau polar, violent, voire carrément malsain, rudement bien mené, une véritable plongée en enfer qui mélange comme influences le "Seven" de Fincher et la série "Dragon Rouge" de Harris (l'auteur du "Silence des Agneaux", un autre chef-d'œuvre du genre!)

New-York peut être vue façon comédie romantique, une ville où il fait bon se promener en amoureux sur un fond de Jazz genre My Funny Valentine chanté par Chet Baker. Mais pour Laurent Fétis et son personnage Jean François dit Jef, ce n'est pas trop ça… Non, ici la musique est indus, genre Ministry, et la rue est un lieu où l'on croise des putes, des macs, ou des gamines vendent leur cul pour quelques dollars et où trainent de sacré fêlés. Non ici on ne fait pas l'amour on baise dans la douleur: "Cuissardes, chaînes et godes ne font que poser des questions et chacun de nous apporte ses réponses". Tout est dit…

C'est dans ce milieu sale à l'extrême, tendant vers le pédo SM, qu'évolue Jef. Bien malgré lui évidement, puisqu'il est journaliste. Il y a un an de cela il a enquêté sur un serial killer, un violeur d'enfants, un type qui aime se masturber avec des bouts de cadavres et dans les plaies de ses victimes. Bref, pour le journaliste c'est une affaire en or et ça lui a value des prix et tout le toutim. Oui, grâce à la souffrance de l'autre Jef est devenu une star sauf que depuis, plus rien. Choqué, traumatisé, bouffé par les remords car peut-être aurait il pu faire quelque chose, aujourd'hui il n'est plus rien. Et de tentatives de suicide en ruptures, Jef traîne son mal-être, sa déprime et n'écrit que des articles minables. Alors son patron décide de le renvoyer sur les lieux des crimes, pour écrire un article du genre: un an après les victimes parlent. Et là, c'est la descente aux enfers, rien n'est fini, tout continue. Est-ce le bon en prison? S'agit-il d'un réseau? Ou peut-être pire que ça? On flirte avec le fantastique, c'est cru, c'est trash. On découvre les pires boîtes SM, les pires tortures. Le ying et le yang comme dit un des personnages "c'est un gode blanc dans le cul d'un noir et un gode noir dans le cul d'un blanc!" Il fallait oser et Laurent Fétis l'a fait mais alors de quelle manière, avec quelle style! Pour moi c'est un bijou!

Parce que par-delà le côté trash du roman, par delà le côté très "silence des agneaux" (oui quand même je trouve ça très prononcé) il y a vraiment dans ce roman de très grandes choses qui font que malgré sa taille, il se lit d'une traite et surtout qu'il reste inoubliable.

Il y a tout d'abord cette écriture formidable, cette façon de rendre les flash-back compréhensibles, intelligents et par là même de jouer avec la mémoire du personnage pour poser peu à peu son histoire, pour nous amener lentement vers certaines conclusions. C'est une écriture qui se joue de l'espace et du temps qui met à nue l'âme humaine et surtout ses travers les plus sombres. Car les choses sont atroces mais toutes ces choses là attirent aussi, nous rongent, nous habitent…

Dans ce jeu de l'espace et du temps, dans cette atmosphère sombre, il y a un décor, une ville qui n'est pas idéalisée comme c'est souvent le cas, non, c'est le théâtre de tous les extrêmes, c'est une visite dans une ville des plus glauques et, même si le mot n'est peut être pas le plus exact, j'ai adoré cette ambiance, pesante certes, mais attirante aussi. C'est la toute la force de Laurent Fétis! Si l'on pousse la porte d'un club de strip-tease, il faut aller jusqu'à la porte du fond. Et là, c'est la vérité qui éclate au grand jour, on en veut plus, toujours plus… Pour le pire parfois. C'est atroce et je dirai même qu'il n'y a pas de mot et la ballade dans New York en compagnie de Laurent Fétis est inoubliable…

Bien sûr, "Nocturne pour instruments divers" est aussi avant tout un polar bourré de suspens, de personnages hauts en couleur, comme cette maîtresse-femme qui n'officie que par le net ou bien ce tueur en série particulièrement féroce mais c'est aussi une vaste réflexion sur nos médias. Un journaliste raconte l'horreur, dit l'horreur, pour certains la filment, la photographient (par exemple pendant les fameux tsunamis où certains ont photographié les gens en train d'agoniser) mais jusqu'ou peut-on aller? Doit-on suivre l'horreur jusqu'au au bout et parfois sans rien faire? Peut-on agir et jusqu'ou encore une fois? Ou s'arrête le vrai, le faux, qu'est-ce que le mal et qui l'orchestre? Vous l'aurez compris, "Nocturne pour instruments divers" est à la fois un roman troublant mais aussi, comme souvent dans le cas des œuvres dites "choquantes", un vaste terrain de réflexion et un tel roman mériterait plus qu'une simple chronique pour être analysé!

Que dire pour conclure ? il faut absolument avoir lu ce roman, que vous soyez fan d'horreur et de fantastique ou bien de polar ou bien tout simplement si vous voulez découvrir une autre littérature, vous mettre en péril peut-être, aller voir de l'autre côté, braver les interdits. C'est superbement écrit, c'est sombre mais passionnant, c'est un voyage en enfer, une ouverture sur l'âme humaine, c'est un grand roman et se fut pour moi une claque qui m'a empêché de dormir, qui m'a torturé et que je n'oublierai jamais. C'est un mélange étrange, c'est servi par un verbe absolument génial et original. "Tout commence par le sexe, tout finit par lui". Dit-moi avec qui tu couches et comment tu couches et je te dirais qui tu es…"

Merci Monsieur Fétis pour cette œuvre rare!

Note :10/10

Le Cimmerien

 

http://www.psychovision.net/livres/ 

 

A part ça, je suis un gentil garçon !

  

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Commentaires
K
Je sais, mais je dois reprendre mon training d'ici peu =p
S
attention à ta ligne!!!
K
Bah, j'ai replongé ce week end =/ Un kebab à chateau rouge, bien roots avec les frittes directement sur le plateau.
N
Moui moui, tu as arrêté... Mais tu connais le retour d'acide qui fait subir des hallucinations aux ex-junkies des dizaines d'années plus tard ?<br /> Et bah c'est pareil pour la junk-food. Tu peux avoir un retour de friture dans dix ans et te mettre à découper des enfants pour lécher des tranches de cuisses au persil !
K
J'ai arrêté le junk food depuis peu, après des années de pratique et même une éthique du burger/kebab. <br /> Les fast food sont omniprésents aux U.S et généralement bien crados ^^
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